ANR ATOLLs
Archipels, Territoires et mObilités famiLiaLes
L’objectif du projet est d’analyser la durabilité de l’organisation territoriale polynésienne en se focalisant sur les migrations, les familles et les politiques. En s’appuyant sur l’examen de l’organisation des familles, de leurs ancrages et des trajectoires de mobilité des individus qui les composent, nous souhaitons identifier les mécanismes à l’origine de la mobilité ou au contraire de l’ancrage des populations sur le territoire polynésien. Dans ce territoire archipélagique, notre objectif est d’évaluer le rôle de l’implantation des services publics (éducation, santé, transports), des zones de développement économique, plus généralement de l’organisation territoriale soutenue par l’ensemble des politiques sur les dynamiques de peuplement. Il conviendra aussi de prendre en compte la position de ce territoire de l’Océanie en lien avec d’autres espaces (l’Hexagone, la Nouvelle Calédonie, l’Asie, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Canada, etc.) destinations potentielles en particulier des mobilités d’éducation et de santé.
La Polynésie française, un système de peuplement réticulaire
Dans ce référentiel, les espaces intermédiaires n’existent pas. Il s’agit d’un espace ouvert où le réseau familial et ses solidarités permettent de franchir l’insularité. Un espace dont le solde migratoire négatif s’accentue et où l’on observe une polarisation intense dans la « métro-pôle » locale (l’île de Tahiti et sa capitale Papeete) où se situe le hub portuaire et aéroportuaire. Mais aussi un espace constitué de 118 îles regroupées en 5 archipels et réparties sur un territoire vaste comme l’Europe dont les îles les plus éloignées sont séparées de près de 2000 km.
Le développement économique et la concentration de services publics dans la capitale expliquent la densification de la zone urbaine de Papeete au cours des 50 dernières années. Cette concentration a abouti aujourd’hui à une importante crise du logement doublée d’une crise économique pouvant être à l’origine du reflux vers les archipels, observé actuellement. Le rôle et l’implantation des services publics (éducation, santé, transports) soumis à l’obligation de continuité territoriale doivent alors faire preuve d’une forte résilience dans une société ou près d’un individu sur deux a changé de logements en l’espace de cinq ans.
Analyser la durabilité des systèmes territoriaux à partir d’une triple entrée
- les lieux et les territoires ;
- les familles et les liens ;
- les individus et leur parcours.
Les analyses envisagées, qu’elles soient quantitatives ou qualitatives, vont donc explorer les fonctionnements familiaux, les dispositifs publics et les caractéristiques individuelles qui permettent de transcender l’insularité. Autrement dit, l’analyse multi scalaire envisagée permettra de comprendre le tiraillement qui peut exister entre l’accès aux services, les solidarités familiales, les ancrages territoriaux et plus généralement le maintien de populations sur un territoire si vaste.
Une équipe pluridisciplinaire et des partenariats multiples
Portée par une équipe multidisciplinaire, (géographes, démographes, sociologues, statisticiens et politiste), notre projet repose sur un double partenariat avec l’UMR SAGE de l’université de Strasbourg et UMR IDEES de l’université de Rouen et l’Institut de statistique de Polynésie française (ISPF) qui participe au projet dans le cadre de différentes collectes déjà programmées et financées (l’enquête emploi 2018, l’enquête sur la famille, le logement et les relations à distance en 2019).
Au 1er octobre 2020, l’équipe s’agrandit de deux chercheurs en contrat post-doctoral ainsi qu’une doctorante afin de compléter les forces d’analyse des bases de données constituées jusqu’à alors.
Autres partenaires :
- Agence Nationale de la Recherche (ANR)
- Délégation à l’Habitat et à la Ville (DHV)
- Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE)
Une analyse quantitative inédite, une approche qualitative fructueuse
Ce projet, original à bien des égards, articule collecte et analyse de matériaux quantitatifs et qualitatifs. Il s’inscrit dans un renouveau des questions autour de la famille et propose une analyse quantitative inédite sur un territoire jusque-là peu décrit. Il permet plus généralement de réinterroger les travaux sur la durabilité des territoires à partir d’un archétype géographique, celui de l’archipel de Polynésie française.
Pour constituer des bases de données, primordiales, de nombreuses sources administratives sont mobilisées (concernant principalement les services publics). Néanmoins, les analyses quantitatives des fonctionnements familiaux reposent sur les données des recensements, des enquêtes du Ministère de l’Education Nationale, etc. mais également de façon innovante, sur la première enquête Famille collectée en 2019 en collaboration avec l’ISPF. Une approche qualitative portant sur les stratégies familiales et leurs motivations autant en Polynésie qu’auprès des étudiants et travailleurs à l’extérieur est également conduite.
Résultats
D’octobre à décembre 2019 (1ère vague) et de février à mars 2020 (2ème vague interrompue par l’épidémie de covid-19), la collecte de l’enquête Feti’i e fenua a eu lieu auprès de 5 141 habitants de la Polynésie française.
De plus, de l’expertise de l’équipe ANR sur la question de l’éducation, un projet d’enquête auprès des 4 000 élèves scolarisés en classe de 3e (dans l’enseignement public et privé) a très vite été mis en place avec la Direction Générale de l’Education et l’ISPF : l’enquête Le collège et moi. La collecte a été effectuée dans l’ensemble des collèges en mai 2019 (taux de réponse 86%) ; un premier retour aux établissements a été fait en novembre 2019, un Point fort de l’ISPF ainsi qu’une Note de recherche sont parus en octobre et novembre 2020.
Du point de vue de la constitution de bases de données : outre l’homogénéisation des données des recensements de 1983 à 2017, l’équipe s’est attelée à constituer une base de données géolocalisées intégrant les différents types d’offre de soins pour l’ensemble de la Polynésie Française sur la période 2011-2019 et d’une base de données cartographiques pour l’ensemble des iles et communes de la Polynésie Française ainsi qu’une base de données intégrée sur les réseaux de transports (maritime, routier, aérien).